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AUX SOURCES DE L’EMIGRATION RUSSE BLANCHE

Nicolas Ross
Editions des Syrtes

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Le destin singulier des soldats russes blancs et notamment leur émigration en France dans les années 20. Un récit historique pas tout à fait neutre mais sur un versant peu étudié : les vaincus de la guerre civile russe : Les Russes Blancs !

PRESENTATION

Au fil des pages de son livre, Nicolas Ross nous entraine des combats de la guerre civile, dans le sud de la Russie, à la vie difficile dans les camps de refugiés offerts par les Alliés aux blancs vaincus, pour nous conduire jusqu’au cimetière russe blanc de Sainte-Geneviève-des-Bois. Le propos de l’auteur est autant d’évoquer le destin singulier des soldats blancs que la nature et les fruits, en France notamment, de leur émigration.

Le 22 novembre 1920, deux vapeurs russes, le Kherson et le Rion, commencent à débarquer les premiers contingents de l’armée du général Wrangel évacuée de Crimée, dans le port de la petite ville de Gallipoli, à l’entrée de la mer de Marmara. Cet épisode, à première vue insignifiant dans la perspective de la « grande histoire », fut, peut-être plus qu’aucun autre, l’événement fondateur des quatre-vingt-dix années d’existence des Russes blancs en exil.
Environ cinquante mille personnes s’installent dans des camps de fortune sur l’île grecque de Lemnos, à Bizerte en Tunisie et dans la péninsule de Gallipoli. Toutes les couches sociales sont représentées, désormais unies dans le même dénuement. Ces hommes ont un même rêve : le retour prochain au pays, les armes à la main. Mais ce retour se fait attendre et la vie s’organise dans la durée, avec les moyens du bord.
Avec le soutien des alliés, dont la France, d’associations comme la Croix-Rouge, ces villes deviennent de véritables colonies russes mêlant civils et militaires : des écoles se créent, la vie religieuse reprend. L’armée russe se réorganise, à Constantinople, le général Wrangel coordonne l’action politique autour d’un conseil russe en vue de retourner au pays et le délivrer du pouvoir bolchevik.
A partir de 1921, et en raison de la pression internationale, les camps sont évacués et les hommes dispersés dans les Balkans. Ensuite d’autres pays, qui offrent de meilleures conditions de travail, les accueilleront. La France, manquant de main-d’œuvre industrielle après la Grande Guerre, sera l’une de leurs principales destinations.
Fondé sur des sources peu connues en France et illustré d’un grand nombre de photos inédites, cet ouvrage présente de manière vivante le combat et l’exode fondateur de la Russie blanche. Il restitue ainsi la mémoire de ces hommes restés fidèles aux valeurs ancestrales de leur pays.

AVIS

Le point de départ de l’ouvrage de Nicolas Ross est la genèse de l’Armée des Volontaires, puis le récit des campagnes dans le sud de la Russie et en Crimée, entre 1918 et 1929, pour tenter de renverser le régime révolutionnaire soviétique désormais au pouvoir à Moscou. Ces troupes, conduites notamment par Alexeïev, Denikine, Koutiepov, Drozdovski ou Markov prennent en 1920, après leur défaite, les chemins de l’exil sous l’autorité suprême de Wrangel. Ce dernier n’a de cesse de préserver leur existence en tant qu’armée organisée, afin de pouvoir reprendre la lutte dès que les circonstances le permettront.
Les Russes blancs quittent la Crimée par mer, pour être accueillis dans un premier temps à Istanbul. Avec le soutien constant de la France, qui rechigne pourtant parfois à la tâche, les Russes blancs vont être dirigés vers plusieurs destinations où ils vont séjourner plusieurs années. L’escadre russe de la Mer Noire, aux mains des blancs, prend la direction de Bizerte, grand port du protectorat français de Tunisie. La vie quotidienne et religieuse s’organise sur place et la flotte continue à manœuvrer, pour l’exercice. Mais avec la reconnaissance de l’URSS par les pays européens, le dernier vestige de la flotte finit par être dissout, ses navires dispersés ou envoyés à la ferraille. Jamais pourtant la France ne cédera aux instances des Soviétiques qui en réclament les derniers vaisseaux dans les années 30.
Sur l’île grecque de Lemnos, ce sont plus de 15.000 cosaques  du Kouban qui sont accueillis dans les anciennes installations des troupes alliées. Ils sont bientôt rejoints par près de 3.000 cosaques du Don. Plus qu’ailleurs, les soldats blancs souffrent à Lemnos d’un isolement qui est jugé lancinant. Mais c’est sans aucun doute à Gallipoli où est installé le premier corps d’armée des russes blancs, que Wrangel parvient insuffler à ses troupes les valeurs qui forgeront l’avenir de l’émigration russe : « C’est largement à Gallipoli que se forgea quelque chose de beaucoup plus durable et de plus essentiel : l’autre Russie, la Russie des Russes blancs, suffisamment forte pour surmonter toutes les pressions et toutes les tentations sans perdre foi en la résurrection future  de la patrie et conserver l’espoir, durant soixante-dix ans, de la fin de la dictature communiste de ce pays » (page 111).
Là plus qu’ailleurs, alors que la région est alors sous administration grecque, les Russes blancs veillent à préserver leur culture, leur vie religieuse fervente et leur motivation à lutter à l’avenir pour retourner victorieux dans leur patrie. Le sport tient également une place importante à Gallipoli, par exemple à travers une ligue et un championnat de football, pour maintenir le moral des exilés.
Mais la vie dans ces trois premières installations, bien qu’organisée dans la durée, n’en demeure pas moins provisoire. Le Russes blancs sont bientôt accueillis par plusieurs pays. Ce sont d’abord les nations slaves et orthodoxes, Serbie et Bulgarie, qui recueillent les anciens soldats de Wrangel. La Roumanie et la Grèce, orthodoxes elles aussi, et surtout la France deviennent également des lieux d’exil privilégiés. Wrangel  a le temps d’organiser la ROVS (Rousskïï obchteche-voïnskïï soyouz – Union générale des combattants russes), avant de mourir à Bruxelles, en 1928, probablement empoisonné par des agents soviétiques.
Après le seconde guerre mondiale, la mainmise soviétique sur l’Europe orientale et centrale pousse encore plus les Russes blancs vers la France. C’est finalement dans le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois, non loin de Paris, qu’est construite en 1961 une réplique, plus petite, du monument aux morts blancs de Gallipoli détruit par un tremblement de terre en 1940. Les temps changeant, le monument de Gallipoli est lui relevé en 2008, avec le soutien des autorités russes.
Fidèles aux valeurs ancestrales de leurs pays, les émigrés russes blancs sont désormais parfaitement intégrés dans leurs pays d’accueil et l’auteur s’attache à nous rappeler une vérité essentielle : « Il serait vraiment paradoxal qu’ont continuât en France à se contenter d’une perception incomplète, et donc fausse, du passé récent de la Russie, alors que notre pays a offert leur principal refuge aux porteurs de ses valeurs authentiques et que la terre de leurs pères a entamé un processus résolu de retour à ses fondamentaux historiques » (page 11). L’ouvrage de Nicolas Ross pallie ce risque avec sobriété et précision.
Il contient par ailleurs 20 pages de photos, souvent inédites, qui éclairent encore un peu plus le précieux témoignage qu’il constitue.
(Source : Frederic Bey)

Extrait de l’avant-propos

Le 22 novembre 1920, deux vapeurs russes, le Kherson et le Rion, commencèrent à débarquer les premiers contingents de l’armée du général Wrangel évacuée de Crimée dans le port de la petite ville turque de Gallipoli, située sur une étroite presqu’île à l’entrée de la mer de Marmara. Cette péripétie, à première vue insignifiante dans la perspective de la «grande histoire», fut, peut-être plus qu’aucun autre, l’événement fondateur de la Russie blanche en exil. Bien sûr, tous les Russes blancs ne vinrent pas de Crimée, ils ne séjournèrent pas tous à Gallipoli et ils sont loin d’avoir tous été des militaires. Mais quelque chose d’essentiel et de durable se cristallisa au camp de Gallipoli.
Ce quelque chose était la conviction assumée par la plupart de ces hommes vaincus et chassés de leur patrie que leur engagement avait été juste et nécessaire et que la résurrection d’une autre Russie, celle pour laquelle ils avaient combattu, était inéluctable. On devait lui rester fidèle le temps qu’il faudrait et continuer à se nourrir de son passé, de sa culture et de ses valeurs spirituelles traditionnelles. Et, si l’occasion se présentait, ne pas hésiter à reprendre le combat contre ses asservisseurs. Il y a en France et ailleurs dans le monde beaucoup de descendants des 27 000 Russes de Gallipoli. Peu d’entre eux parlent encore la langue de leurs pères. Le passé «blanc» de leurs familles ne leur apparaît plus guère qu’au travers de quelque récit à demi oublié naguère entendu à la table familiale. Ou bien, en feuilletant un vieil album, ils découvrent parfois des photographies de groupe représentant de jeunes militaires en vareuses mal assorties prenant la pose sur un fond de paysage pierreux et désolé. Certains se souviennent d’avoir rendu visite, enfant ou adolescent, au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois et d’y avoir entrevu des carrés de tombes identiques entourant un monument commémoratif. On leur avait juste dit alors qu’il s’agissait des sépultures des Drozdovtsy, des Alexeïevtsy ou des Gallipoliitsy, sans préciser davantage.
Parfois aussi, ils retrouvent au fond d’un tiroir quelques insignes militaires, soigneusement rangés dans une petite boîte. Parmi eux se distingue une étrange croix noire de bronze ou d’argent à liseré blanc, portant l’inscription «Gallipoli» en caractères cyrilliques, accompagnée des dates «1920-1921». Interrogés à son sujet, leur père ou leur mère ne peuvent donner beaucoup d’explications sur cette relique léguée par leur propre grand-père. Cela concerne des événements anciens, l’époque du grand exode de Russie, expliquent-ils, embarrassés. On ne leur en avait que peu parlé du temps de leur jeunesse et ils n’avaient pas tenté d’en savoir davantage.
Nous espérons que certains de ces descendants de Russes blancs de la troisième ou de la quatrième génération qui cherchent à remonter le fleuve du temps liront notre livre. Mais il s’adresse à tous ceux qui sont simplement curieux des événements mal connus qu’il décrit. Il n’a d’autre prétention que d’être fiable, concis et lisible. Les ouvrages indiqués en annexe, peu nombreux et de valeur inégale, peuvent permettre au lecteur de compléter et d’élargir un peu ses connaissances. Mais s’il veut vraiment se plonger dans l’étude du combat des volontaires blancs et des premières années de leur exil, il n’a d’autre choix que d’apprendre à lire le russe. Il pourra ainsi accéder aux souvenirs publiés par les combattants blancs eux-mêmes, ainsi qu’aux oeuvres des historiens de l’émigration ou de la Russie postcommuniste, dont certains ont traité ce sujet avec rigueur et compétence.

SOMMAIRE

L’ARMEE DES VOLONTAIRES WRANGEL EN CRIMEE
LA RUSSIE BLANCHE, L’ARME AU PIED
DESTINATION FINALE A BIZERTE
LEMNOS ET SES COSAQUES
GALLIPOLIÏSK
LE COMBAT POUR
ARMEE
UNE NOUVELLE VIE ?
ON S’ORGANISE DANS LA DUREE

Nicolas Ross est né à Paris en 1945. Docteur en histoire et spécialiste de l’histoire russe, il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment: La Mort du dernier tsar, la fin d’un mystère ? (L’Age d’Homme, 2001), Saint-Alexandre-sur-Seine, l’église russe de Paris et ses fidèles des origines à 1917 (Institut d’études slaves/Cerf, 2005) et Saint-Alexandre-Nevski, centre spirituel de l’émigration russe, 1918-1939, (Syrtes, 2011).

Parution : Novembre 2011
Nb de pages : 192 p.
Format : Broché
Dimensions : 20.6 x 12.0 x 1.7 cm
ISBN : 9782845451667
EAN13 : 9782845451667

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