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LE PATIENT DU DOCTEUR HIRSCHFELD
Posté par EuroMedia-Presse dans Romans le 4 avril 2012
Nicolas Verdan
Bernard Campiche Editeur
Intelligence d’un récit qui s’appuyant sur un contexte historique aborde plus généralement la question/problématique de l’exclusion. Un roman à lire à n’en pas douter !
PRESENTATION
Mais pourquoi veulent-ils tous mettre la main sur la liste des patients du Dr Hirschfeld ? Peu avant de mettre à sac son prestigieux Institut des sciences sexuelles de Berlin, en 1933, les nazis fouillent le bureau de ce sexologue qui en sait trop sur des hauts dignitaires du Reich. En vain ! Les dossiers comportant notamment le nom de centaines d’homosexuels allemands ont disparu. Vingt-cinq ans plus tard, le Mossad s’intéresse à son tour à cette fameuse liste. Construit à partir de l’histoire réelle de la dramatique fin de carrière du célèbre sexologue, ce roman explore cette tendance propre à toute société humaine à légiférer nos préférences sexuelles, jusqu’à nous assigner une “juste place” sur l’échelle des genres.
EXTRAIT
Berlin, 28 février 1933
MARINUS, qui vient de la mer. Marinus Van der Lubbe, vingt-quatre ans, citoyen hollandais, auto-stoppeur. Les nazis tenaient déjà leur coupable : un garçon hirsute, torse nu, errant hier soir dans le Reichstag en flammes. En sueur, l’air hagard, disaient les journaux, il sortait de la salle Bismarck, quand il s’était fait prendre. Ce matin, les manchettes étaient sans appel : l’incendiaire est communiste. Communiste et homosexuel.
Magnus, le grand. Magnus Hirschfeld, soixante-cinq ans, citoyen allemand, sexologue, fondateur de l’Institut de sexologie de Berlin. Ennemi désigné du Reich : fornicateur, incite la jeunesse à la dépravation. Homosexuel. Juif. En voyage. La Gestapo précisait : retour en Allemagne incertain.
Entre le Reichstag, ou ce qu’il en restait, et l’ancien hôtel particulier du Prince Hatzfeld, aujourd’hui dédié à la recherche en sexologie, il n’y avait que six cents mètres. Une courte distance parcourue à cette heure tardive par un homme qui s’était mis en tête de corriger le sens que prenaient les événements. Non pas qu’il cherchât à résister à l’installation des forces nouvelles. Au contraire, son uniforme, dissimulé ce soir par un manteau de ville et un élégant chapeau à larges bords, marquait sa foi absolue dans l’ordre qui s’établissait sous la bannière à croix gammée. Or, c’est précisément pour conserver son rang dans la Waffen SS que cet homme allait, dans un instant, entrer par effraction dans l’Institut de sexologie. Il lui fallait à tout prix y précéder les enquêteurs de la police secrète.
De Marinus Van der Lubbe, cet homme ne connaissait rien. Sinon son portrait diffusé dans les communiqués de la Preussische Pressedienst. De Magnus Hirschfeld, il conservait le souvenir détestable de leurs promenades dans le Tiergarten. Le Docteur, après l’avoir reçu une première fois dans son luxueux bureau, lui avait proposé une série de consultations en plein air. C’était son habitude. Il prenait ses patients par le bras et les conduisait dans les allées du parc. Le Docteur disait qu’on devise plus facilement en déambulant qu’en restant assis dans un fauteuil. Les mots, lors de leur première sortie, étaient venus tout seuls, c’est vrai. Il avait pu lui dire ce qui le tourmentait. Le Docteur, à l’écoute, hochait la tête, il l’encourageait à tout raconter. À sa grande surprise, il lui avait dit que son cas n’avait rien d’extraordinaire. Il n’était pas malade, il n’avait rien à se reprocher.
LU DANS LA PRESSE
Croix gammée, croupes gainées
En 1933 à Berlin, les nazis surveillent de près l’Institut des sciences sexuelles du docteur Hirschfeld. Pour la race supérieure, dont l’ouverture d’esprit n’a d’égale que la délicatesse, cette clinique spécialisée dans l’homosexualité n’est «qu’un nid de perversion et de pédés» qu’il s’agit d’anéantir au plus vite. Pourtant, plusieurs SS tremblent à l’idée que la liste des patients du fameux docteur tombe entre de mauvaises mains… Pas sûr que leur patron Heinrich Himmler se montrerait conciliant en apprenant que certains de ses hommes adorent se mettre à quatre pattes pour recevoir la fessée…
Vingt-cinq ans plus tard, alors que le Mossad recherche un ancien criminel de guerre nazi fétichiste des cheveux tressés et sectionnés, une piste va lancer les soldats israéliens sur la trace de ces dossiers compromettants.
Entre Berlin et Tel-Aviv, travestis et nazis, ce récit nous emporte dans une passionnante chasse à la liberté et au respect. Fortement inspiré de la vie du sexologue allemand Magnus Hirschfeld, qui s’opposa au paragraphe 175 du code pénal allemand condamnant l’homosexualité, ce roman décortique avec subtilité la voile, la vapeur et les peurs.
(ALINDA DUFEY, Vigousse)
L’AUTEUR
Nicolas Verdan est né à Vevey en 1971. Sa vie se partage entre la Suisse et la Grèce, sa seconde patrie.
Nb de pages : 296 p.
Parution : 3 novembre 2011
ISBN : 978-2882413000
Prix : 17 €