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LE MONARQUE DES OMBRES
Posté par EuroMedia-Presse dans 4 - PAGES LITTERAIRES "ACTU LIVRES FRANCOPHONES", Essais & Documents le 25 septembre 2018
De Javier Cercas
Actes Sud
PRESENTATION
Un jeune homme pur et courageux, mort au combat pour une cause mauvaise (la lutte du franquisme contre la République espagnole), peut-il devenir, quoique s’en défende l’auteur, le héros du livre qu’il doit écrire ? Manuel Mena a dix-neuf ans quand il est mortellement atteint, en 1938, en pleine bataille, sur les rives de l’Èbre. Le vaillant sous-lieutenant, par son sacrifice, fera désormais figure de martyr au sein de la famille maternelle de Cercas et dans le village d’Estrémadure où il a grandi. La mémoire familiale honore et transmet son souvenir alors que surviennent des temps plus démocratiques, où la gloire et la honte changent de camp. Demeure cette parenté profondément encombrante, dans la conscience de l’écrivain : ce tout jeune aïeul phalangiste dont la fin est digne de celle d’Achille, chantée par Homère - mais Achille dans l’Odyssée se lamentera de n’être plus que le “monarque des ombres” et enviera Ulysse d’avoir sagement regagné ses pénates.
Que fut vraiment la vie de Manuel Mena, quelles furent ses convictions, ses illusions, comment en rendre compte, retrouver des témoins, interroger ce destin et cette époque en toute probité, les raconter sans franchir la frontière qui sépare la vérité de la fiction ?
L’immense écrivain qu’est Javier Cercas affronte ici ses propres résistances pour mettre au jour l’existence du héros fourvoyé, cet ange maudit et souverain dont il n’a cessé, dans toute son œuvre, de défier la présence.
AUTEUR
Javier Cercas est né en 1962 à Cáceres et enseigne la littérature à l’université de Gérone. Il est l’auteur de romans, de recueils de chroniques et de récits. Ses romans, traduits dans une trentaine de langues, ont tous connu un large succès international. Anatomie d’un instant a été consacré Livre de l’année 2009 par El Pais.
Du même auteur, Actes Sud a publié : Les Soldats de Salamine (2002), À petites foulées (2004), À la vitesse de la lumière (2006), Anatomie d’un instant (2010), Les Lois de la frontière (2014, prix Méditerranée étranger 2014), L’Imposteur (2015), Le Mobile (2016) et Le Point aveugle (2016).
320 pages.
22,50 €
ISBN: 978-2-330-10919-6
ELOGE DE LA HAINE
Posté par EuroMedia-Presse dans Romans le 25 septembre 2011
Khaled Khalifa
Actes Sud
Comment une jeune syrienne d’Alep, élevée dans la plus pure tradition musulmane, croit trouver sa liberté en rejoignant un mouvement fondamentaliste qui l’initie aux luttes jihadistes.
De l’embrigadement volontaire à la prise de conscience rédemptrice (en passant par la case prison), Khaled Kalifa restitue, à travers ce douloureux parcours et cette confrontation conflictuelle à l’altérité, l’affrontement entre les deux forces - l’islamisme et le despotisme - qui ont ravagé la Syrie tout au long des années 1980, et met fin à l’amnésie que les Syriens se sont longtemps imposée.
Le personnage principal de ce roman est une jeune femme née dans une famille traditionnelle d’Alep.
Elle a passé toute son enfance et son adolescence auprès de ses trois tantes, dans un quartier de la vieille ville. Cloîtrées à la maison, celles-ci ne la quittent qu’une seule fois par semaine, sous leur hijab intégral, pour se rendre au hammam. Quant à elle, la narratrice, si elle est autorisée à sortir, c’est seulement pour faire l’aller et retour entre la maison et l’école. Devenue lycéenne, elle se lie à des militantes islamistes et finit par adhérer à leur organisation.
Mais en échappant à la prison familiale, avec son conservatisme rigide et ses occupations futiles, elle entre de plain-pied dans une autre réalité, où la haine marque chaque geste de la vie quotidienne. Se donnant désormais pour mission d’exécuter la volonté de Dieu sur terre, elle rompt avec ses anciennes amies, se dispute violemment avec l’une de ses tantes sous prétexte que celle-ci n’a pas honte d’évoquer ses désirs sexuels, déteste son corps et tout ce qui lui rappelle sa féminité, et voue surtout aux gémonies “l’autre” communauté, celle à laquelle appartiennent les principaux dirigeants du pays.
Des attentats jihadistes frappent à l’aveugle militaires et civils alaouites, ce qui entraîne une répression d’une brutalité inouïe, menée par les milices du régime, qui fait des dizaines de milliers de victimes innocentes. Mais dans ce récit imprégné d’une poignante amertume, la narratrice ne raconte pas seulement sa chute mais aussi sa rédemption, amorcée au contact d’autres femmes de différentes origines confessionnelles ou ethniques qu’elle a rencontré après son arrestation.
Elle retrace en parallèle l’évolution de chacun des membres de sa famille : son frère Hussam qui sera tué par la milice après une longue cavale, sa tante Maroua qui tombe amoureuse de l’officier qui traque Hussam, sa tante Safaa qui se marie avec un ancien marxiste devenu islamiste, et ses oncles dont l’un se réfugie dans le soufisme, l’autre dans la débauche, pendant que le troisième s’exile à Londres…
En restituant ainsi l’affrontement entre les deux forces qui ont ravagé la Syrie tout au long des années 1980, l’islamisme et le despotisme, Khaled Khalifa met fin à l’amnésie que les Syriens se sont longtemps imposés, que ce soit par peur ou par souci de restaurer la paix civile, mais qui est loin de les avoir guéris de leurs traumatismes.
L’AUTEUR :
Scénariste et romancier syrien, l’Aleppin Khaled Khalifa livre avec son troisième roman, Eloge de la haine, un magnifique récit de la jeunesse arabe des années 1980, prise en tenaille entre l’islamisme radical et le despotisme militaire. Un livre qui fait écho aux soubresauts contemporains du monde arabe.
« L’odeur de la vieille armoire a fait de moi une femme un peu maniaque, toujours affairée à fermer les portes, ou à fouiller dans les tiroirs à la recherche des vieilles photos que j’avais soigneusement rangées un jour… » Ainsi débute le beau livre du Syrien Khaled Khalifa. L’évocation de la vieille armoire aux nombreux tiroirs renfermant encore les odeurs du passé, donne le ton de ce roman nostalgique qui n’est pas sans rappeler la narration à la fois réaliste et poétique de Naguib Mahfouz fouillant dans la mémoire de ses personnages, évoluant à l’ombre des grandes maisonnées cairotes.
Tout comme le prix Nobel égyptien, le romancier syrien a construit son récit intergénérationnel, mêlant le réel et les souvenirs, la poésie du passé et la pesanteur du présent. Son roman est une construction vaste et complexe comme la conscience où hier et aujourd’hui se rejoignent dans une même résonance. Magnifiquement traduit de l’arabe avec un admirable sens de détails et de lyrisme, Eloge de la haine est un grand roman de la tragi-comédie humaine, empreint des bruits et des fureurs de l’univers syrien dont il décrit l’entrée laborieuse dans la modernité.
Une narratrice anonyme et passionnée
L’action de ce roman, qui a valu à son auteur d’être nominé pour le Prix international du roman arabe en 2008, se déroule dans la Syrie des années 1980, en proie à des violences d’une brutalité inouïe, opposant les sbires du régime militaire alaouite à des contestataires islamistes. Ces contestations réprimées dans le sang firent à l’époque plus de 25 000 morts. Elles débouchèrent sur « un Etat sécuritaire qui a confisqué tous les droits (…), la parole a été interdite et le peu de liberté a été confisqué aussi, a expliqué Khalifa dans une récente interview accordée à Médiapart. La vie en Syrie s’est figée depuis la fin des années 1980. »
La description réaliste et poignante que fait Khalid Khalifa de ces « événements » (litote qu’emploient encore aujourd’hui les Syriens pour se référer à la répression de la contestation fondamentaliste) renvoie aussi aux insurrections qui secouent son pays aujourd’hui, permettant aux lecteurs de les situer dans la longue histoire.
Au cœur du roman de Khalifa, une jeune Syrienne qui grandit au sein d’une famille de marchands de tapis, famille conservatrice et bourgeoise d’Alep d’où était parti le mouvement de la contestation islamiste, il y a trente ans. C’est à travers les yeux de cette jeune femme anonyme, à la fois narratrice et personnage principal, que le romancier a choisi de raconter son récit. Si elle n’est pas nommée, a expliqué le romancier, c’est parce qu’elle englobe plusieurs personnages à la fois. Des personnages que Khalifa a croisés et connus à Alep, cette ville contestatrice dans l’âme dont il est lui-même originaire.
Avant d’être actrice des événements dramatiques, l’héroïne d’Eloge de la haine est d’abord le témoin de la dérive à la fois fondamentaliste et despotique de son pays. La maison de ses grands-parents où elle grandit, protégée par ses hautes murailles, est en quelque sorte une métaphore intimiste de la société syrienne en général, les nombreux oncles et les tantes qui le peuplent représentant les différentes sensibilités en présence. Pilier de la famille, la tante Mariam. Personnage profondément pieux qui inculque à la narratrice le tabou du « corps pécheur soumis aux flammes de l’enfer », et compense sa propre frustration sexuelle en écoutant les chansons d’Oum Kalthoum au lyrisme sirupeux.
Il y a aussi les trois oncles : Bakr qui fréquente les fondamentalistes musulmans, Salim le studieux et Omar aussi libertin que mafieux. Enfin, il y a Radwan l’aveugle que le grand-père avait recueilli dans la maison pour en faire le gardien de la bonne réputation de la famille. Chaque jeudi, celui-ci accompagnait les femmes de la maisonnée au hammam, attendant devant la porte qu’elles aient fini pour les raccompagner à la maison. « Il nous précédait, la tête haute, le pas sûr et mesuré, se souvient la narratrice. Cette scène récurrente consolida le prestige de notre famille dans le quartier Jelloum, indifférent aux bouleversements qu’ont connus les grandes Cités ».
UNE FRESQUE BALZACIENNE :
C’est à l’école que la jeune narratrice prend vraiment conscience des bouleversements à l’œuvre dans sa société, des conflits sourds, des ressentiments des civils face aux militaires tout-puissants qui font la loi. Jusque dans la salle de classe où les parents viennent humilier les professeurs s’ils ont eu la mauvaise idée de mal noter leurs progénitures. Seuls, les religieux osent s’élever contre ces injustices.
L’imagination de la narratrice est enflammée par le discours de la pureté et de la haine tenu par les islamistes. La haine s’accapare ainsi de la conscience de cette jeune fille fragile, lui offrant le sentiment de la supériorité sur les autres filles de son âge qui ne pensent qu’à s’amuser. Parallèlement, l’équilibre précaire qui régnait dans la maison-forteresse de la cité Jelloum est mis à mal par les violences qui éclatent opposant les militaires proches du régime à l’Organisation des Frères musulmans qu’ont rejointe les frères et oncles de la narratrice. L’été s’annonce chaud…
Fresque balzacienne de la société syrienne sur laquelle souffle les vents de l’Histoire, Eloge de la haine est le troisième roman sous la plume d’un des romanciers iconique de la Syrie contemporaine. Khaled Khalifa appartient à la nouvelle génération des écrivains qui avaient beaucoup cru aux promesses de réformes du fils Assad lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2000. La déception et le désenchantement que leurs récits mettent en scène sont à la mesure des espoirs trahis du « printemps de Damas ».
LU DANS LA PRESSE :
Brussel Deze Week
« Un roman dur mais authentique, qui a le grand mérite de nous ouvrir les yeux sur un passé oublié ou méconnu. »
Baudouin Loos, Le Soir
« Une fresque à la fois familiale et panoramique, intimiste et chorale, d’une Syrie méconnue. (…) Un beau roman, un auteur courageux : Khalid Khalifa dit les choses comme de plus en plus de Syriens… »
François Armanet et Gilles Anquetil, Le Nouvel Observateur
« Un magnifique roman. »
Rania Samara (Traductrice)
Format : Broché
Nb de pages: 368 p.
Parution : 11 mai 2011
Dimensions: 22.4 x 14 x 3 cm
ISBN : 978-2-7427-9517-8
EAN : 9782742795178
PARLE-LEUR DE BATAILLES, DE ROIS ET D’ELEPHANTS
Posté par EMP3 dans Biographies le 13 juin 2011
Mathias Enard
Actes Sud
Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants traite bien de Michel-Ange, de son supposé séjour à Constantinople, en 1506, alors qu’il fuit le pape Jules II pour lequel il dessinait le plan d’un tombeau – le tout, sans avoir touché un sou. Las, le célèbre sculpteur de David répond à la proposition du sultan Bajazet de venir construire un pont qui enjamberait la Corne d’Or.
Mais ce n’est pas pour découvrir les rives du Bosphore que l’artiste s’engage : flatté de passer après Leonard de Vinci, dont le projet fut refusé, c’est l’appât du gain et de la célébrité mondiale qui le jette dans le dédale des rues de Constantinople.
Mathias Enard dresse le portrait d’un homme vaniteux, orgueilleux, colérique, névrosé, solitaire, manquant cruellement d’assurance : « “c’est peut-être dans la frustration qu’on peut trouver l’énergie de son art” » nous dit-il. Il préfère gratter la couche de vernis surplombant la légende pour mettre le doigt sur l’humanité de l’artiste plutôt que de combler d’éloges un être supposé supérieur. Ses problèmes d’argent, ses sautes d’humeur, ses angoisses, sa peur maladive du complot, ses pannes d’inspiration, sa propre condition d’homme sont autant de palettes avec lesquelles Mathias Enard compose des chapitres, qui constituent autant de voies de passage entre l’homme et l’artiste.
Tout le projet d’Enard tient peut-être dans cette phrase: «” le sculpteur sans égal, futur peintre de génie et immense architecte n’est plus qu’un corps, tordu par la peur et la nausée” ». Michel-Ange dans sa condition humaine, avant tout.
Enard nous confirme, à la fin de Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants (mais on l’avait quand même bien deviné) que le roman n’est pas précisément un récit historique. Il s’est pourtant appuyé autant qu’il le pouvait sur des vérités : ainsi, il traduit des lettres, reproduit des dessins, s’appuie sur la biographie de Michel-Ange par Ascanio Condivi, mais c’est ainsi, « “pour le reste, on n’en sait rien” ». A partir de là, Mathias Enard peut nous emmener là où bon lui semble, la fiction peut s’emparer des faits dans les règles de l’art.
Alors, l’auteur livre Michel-Ange aux assauts de l’amour, qui le laissent de marbre. Les affres du désir. Avec une écriture et un style sensuels, Mathias Enard donne vie à un être androgyne, à un poète transi d’amour pour le sculpteur, qui sont l’occasion de multiplier les points de vue, de raconter d’autres histoires, à propos de batailles, de rois et d’éléphants, qui comptent parmi les passages les plus lyriques du livre, les plus jouissifs, de ceux qui laisseront un souvenir impérissable: « “Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l’amour ; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et des temples. Ils s’accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards ; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage” ».
Même les descriptions de cette ville aux saveurs colorées qu’est Constantinople sont emplies de lyrisme, d’une force poétique : « “la Corne d’Or se perd dans des méandres de brume obscure, et, à l’est, le Bosphore dessine une barrière grise dominée par les épaules sombres de Sainte-Sophie, gardienne du fossé qui les sépare de l’Asie” ».
Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants interroge les limites de l’artiste face à son œuvre, le processus de création, et en profite pour revisiter un mythe. Assurément, un roman de la rentrée à ne pas manquer. Puisse Mathias Enard nous parler encore longtemps d’autres batailles, d’autres rois et d’autres éléphants.
REVUE DE PRESSE /
La critique de Stéphane Bernard et Delphine Gorréguès
pour Zone (17 août 2010) :
« Dans ce livre, Mathias Enard nous parle de batailles : celles que mène Michel-Ange pour créer, face à la matière, à l’adversité et aux contingences de la vie, face aux tentations qui pourraient l’en détourner, et face à ces puissants qui sont ses commanditaires. Donc il nous parle aussi de rois : le pape Jules II, brutal et mauvais payeur, que quitte Michel-Ange pour le Grand Turc, qui l’invite à Constantinople construire un pont sur le Bosphore. Et il y aura même un (magnifique) éléphant, rencontré et dessiné par Michel-Ange.
Mathias Enard tient donc la promesse de son titre, tiré d’une phrase fort énigmatique de Kipling et dont on se demande bien, au départ, ce qu’elle fait là. En fin de compte tout y est.
Reprenons. Nous sommes en 1506, Michel-Ange doit réaliser un tombeau pour le pape. Par manque de fonds, il stoppe son projet et en accepte un autre, insolite. Le sultan de Constantinople l’invite dans son royaume afin de construire un pont au-dessus de la corne d’or. Quel défi alléchant ! Là où Léonard de Vinci a échoué, il réussira. Des traces de cet épisode existent, de nombreux autres détails et épisodes de cette aventure sont documentés. Le reste, Mathias Enard l’imagine et nous le fait vivre à travers de très courts chapitres où l’on vit Michel-Ange au travail, notant, dessinant, imaginant. Mais surtout s’imprégnant, vivant cette ville pour être capable de lui imaginer un chef d’oeuvre: « Un pont surgit de la nuit, pétri de la matière de la ville. »
Nous vivons un processus de création à travers les promenades, les dérives, les désirs, la comptabilité minutieuse des marchandises, des épices, la fréquentation des rues, l’envoûtement des danses et la subtilité des poèmes.
Cependant, ne cherchez pas, ce pont n’existe pas et c’est bien là le thème du livre : comment il aurait pu être et pourquoi il n’a pas été. Alors que tout le reste, vécu par Michel-Ange à Constantinople, a forcément existé. Car c’est grâce à cet épisode turc (entre autres) que Michel-Ange, qui n’a alors pas trente ans, va pouvoir encore un demi-siècle continuer à affronter batailles, rois et éléphants en tous genres.
Ce court récit est très limpide, d’une écriture simple et poétique. La poésie joue d’ailleurs un rôle à travers la figure énigmatique d’un poète khosovar passionnément épris de la splendeur de Michel-Ange, par ailleurs décrit par Mathias Enard comme fort peu attirant physiquement. Si on compare cette vie imaginaire à celles brossées par Jean Echenoz dans ses trois derniers romans, on est est frappé par la différence : le regard d’Echenoz est tout en acuité, en justesse du trait, mais aussi plein de distance, parfois d’ironie mordante. Enard, lui, nous brosse un portrait tout en rondeur, englobant tout une ville, tout un environnement humain dans sa description du personnage. Toute une vie, même si elle n’est encore qu’en devenir dans ces moments où il erre « en compagnie des tristes et des coeurs brisés ». »
Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants,
de Mathias Enard
(Actes Sud)
Pages : 154 p.