Josette Buzaré
Editions de l’Astronome
Nous aimons ce style de roman. Voyager dans le passé aide à parfois à se (re)situer dans le présent.
PRESENTATION
Pour combler les oublis du passé, l’auteur tisse les existences de plusieurs personnages en un récit romanesque inspiré de réels témoignages écrits.
La plupart de ces souvenirs lui ont été confiés par des proches aujourd’hui disparus. Ils étayent le parcours d’une adolescente à la recherche de la vérité sur l’histoire de sa famille pendant la seconde guerre mondiale. Le silence que se sont longtemps imposé beaucoup de survivants dans l’espoir de préserver leurs enfants n’a fait qu’aggraver le mal-être de ces derniers face à leur futur.
La parole libère, elle aide à forger l’avenir.
EXTRAIT
Le bataillon d’Alexandre, qui faisait partie de la 28ème Division alpine, stationna défensivement sur les pentes du Mont Cenis pendant sept semaines.
Le 24 octobre 1939, la Division s’embarqua pour l’Alsace. Les chasseurs prirent position en avant de la ligne Maginot et montèrent la garde pendant tout l’hiver. Ils firent ce que l’on appelait à l’arrière « la drôle de guerre ». La vie dans les avant-postes pendant les grands froids était faite de patrouilles, d’embuscades, de coups de mains repoussés, malgré la neige et des températures descendants jusqu’à -30 degrés. Mais durant tout ce temps, Alex ne vit pas un Allemand.
Au début du mois de février, des bataillons furent détachés de la 28ème Division alpine et envoyés dans le Jura où ils retrouvèrent des sections d’éclaireurs venus de Modane. Alex, qui faisait partie du détachement, se lia d’amitié avec deux Savoyards, rudes montagnards prénommés Arsène et Francis.
Tous trois intégrèrent la même compagnie de skieurs. Les éclaireurs devaient être pourvus d’un équipement spécial nouvellement conçu mais dont la livraison tardait. Il fallut attendre la fin du mois de mars pour comprendre à quoi s’entraînaient ces soldats de haute montagne : ils faisaient partie d’un corps expéditionnaire avec une demi-brigade de Légionnaires venant du Maroc et une demi-brigade de Polonais encore en formation à Coëtquidan. Leur destination restait inconnue. Des bobards circulaient : la Norvège, les Alpes, le Caucase (à l’Etat-major,
on avait vu passer des rouleaux de cartes de cette région).
Alexandre était cantonné à Magnieu, près de Virieu-le-Grand, dans l’Ain. Lyon était proche. Fin février, il eut droit à trois jours de permission. Il lui fallut attendre le 30 mars pour obtenir un deuxième congé. On stockait encore le matériel de grand froid. À Lyon, Alex s’informait de l’évolution de la « drôle de guerre ». C’était peu encourageant : dans la Baltique les Allemands procédaient à des exercices de débarquement. Les matelots ennemis étaient rappelés de permission. Enfin dans la nuit du 4 au 5 avril une centaine de navires quittèrent les ports du Reich et firent route vers le Nord. Cela semblait plus que probable : la destination des chasseurs alpins serait la Norvège.
Le 6 avril, Alex fut rappelé au camp. Nouvelle séparation déchirante. Margot en larmes. Angoisse aggravée par le sentiment d’être enceinte. Son cœur le souhaitait, son corps le promettait. Toute vaillance l’aurait abandonnée si une extralucide lui avait prédit qu’elle ne reverrait son mari que treize mois plus tard.
Les Norvégiens ne pouvaient, seuls, défendre leur neutralité contre l’Allemagne. Les gouvernements français et anglais leur annoncèrent qu’ils avaient posé des mines flottantes dans les eaux norvégiennes et qu’ils allaient monter la garde le long des côtes. Déjà, un transport de troupes allemandes, un pétrolier, deux autres navires et un sous-marin avaient été coulés par la flotte britannique. Puis le Reich occupa le Danemark et débarqua en divers points de Norvège. Le Conseil suprême interallié, réuni à Londres, décida d’une aide totale et immédiate à la Norvège, afin de couper la route du fer aux Allemands.
Un message urgent arriva à Virieu : « le personnel embarquera le soir même, les trains de matériel suivront le lendemain et le surlendemain ». Prévenu à quinze heures, le Corps expéditionnaire était prêt à partir à 22 heures. Les distributions urgentes, la confection des bagages, la répartition du personnel entre les trains, le chargement des voitures s’opérèrent dans une grande confusion. On fit de l’ « à peu près », le temps manquait
pour parfaire.
L’AUTEUR
Josette Buzaré est née à Lyon de parents savoyards. Son enfance nourrie des récits de la Résistance explique son goût pour l’Histoire. Après l’école normale d’institutrices, elle poursuit ses études à Grenoble et devient professeur de collège. Elle a ainsi enseigné les mathématiques jusqu’en 1999, principalement au Collège Louis Armand de Cruseilles en Haute-Savoie. Membre de plusieurs Sociétés d’Auteurs et d’Histoire, elle a publié romans, biographie, témoignages et nouvelles.
Parution : 15 novembre 2011
Nb de pages : 144 p.
ISBN : 978-2916147710
Prix : 16 €